La directrice adjointe d’un EHPAD public nous partage son expérience sur la gestion de ce type d’hébergement. Elle évoque pour nous plusieurs projets d’améliorations en cours, malgré les contraintes budgétaires…

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Quel est votre profil de formation et votre parcours dans le secteur médico-social ?

Je suis partie du diplôme d’État d’Infirmière pour devenir Cadre de santé, puis directrice d’un EHPAD privé à but lucratif pendant un an. Je suis vite revenue dans le public et, aujourd’hui, à 50 ans, je suis Directrice adjointe chargée des affaires générales d’un EHPAD public. Un métier ultra polyvalent !

J’ai aussi passé un Diplôme Universitaire d’Assurance Qualité Hospitalière (DUAQH), avec pour objectif de faire des évaluations internes et externes pour devenir responsable qualité.

Pouvez-vous nous présenter l’EHPAD que vous gérez ? Quels sont les profils de vos résidents ?

Il s’agit d’un Pôle Gérontologique Public autonome, administré par un conseil d’administration géré par le maire de la ville. C’est un très grand établissement, très étendu, qui comprend 5 bâtiments, 6 unités d’hébergement et 197 lits habilités à l’aide sociale.

Il comporte une Unité de Vie Protégée, qui accueille des personnes âgées atteintes de la maladie d’Alzheimer ou présentant des symptômes de démence, et un pôle pour les Alzheimer légers. À cet égard, on a aussi constitué en 2016 une équipe de soignants spécialisés dans l’accompagnement des malades d’Alzheimer à domicile.

La moyenne d’âge est de 87,4 ans. La durée du séjour est d’environ 4 ans, et on compte une cinquantaine de décès par an. Chez les nouveaux entrants, je constate depuis quelques années une hausse constante des maladies neurodégénératives de type Alzheimer. Les autres pathologies sont en général des maladies cardiaques ou des problèmes rhumatismaux.

Concernant le personnel soignant, nous avons 162 agents de la Fonction publique hospitalière en équivalent temps plein. Il s’agit de médecins, d’infirmiers (IDE), d’aides-soignants, d’aides médico-psychologiques

Quelles sont vos missions au sein de cet établissement ? Et les compétences clés pour exercer votre métier ?

En EHPAD, on a rarement une seule mission, surtout au niveau de la direction. Dans l’EHPAD que je gère, je suis à la fois directrice adjointe, responsable de la qualité et de la sécurité, chargée de la formation du personnel soignant et responsable RH.

Mon poste requiert de plus en plus de notions juridiques sur les droits, les devoirs, les statuts. En tant que responsable RH, il faut beaucoup d’écoute, de patience, savoir reformuler et argumenter, et bien sûr gérer les conflits. Enfin, il faut être très réactif, et toujours avoir une longueur d’avance !

Tout se passe bien car j’ai d’excellents collaborateurs. Mon rôle consiste à planifier et encadrer, je suis là pour la méthode.

Selon vous, quelles sont les principales pistes d’amélioration de la qualité de vie dans les EHPAD ? 

Je ressens beaucoup d’exigence, notamment de la part des familles, ce qui est normal puisque ce sont elles qui paient l’hébergement. Depuis 2009, nous avons entrepris par phase des travaux d’extension et de restructuration. Notre objectif est que les résidents aient tous une chambre individuelle, et non double, avec une douche privative. Nous privilégions aussi une belle décoration, et une cuisine de qualité, préparée sur place.

On nous demande de fonctionner toujours aussi bien, mais avec de moins en moins d’argent. Je dispose de très peu de possibilités en termes d’effectifs, donc j’essaie de travailler autrement. Cela nous amène à toujours inventer, trouver des solutions techniques, mutualiser les tâches…

Parmi les pistes d’amélioration que je privilégierais, il y a  notmamment l’aide aux aidants, car le personnel soignant est parfois en souffrance. On pourrait, par exemple, disposer de lits de répit ou d’accueil temporaire. J’y vois aussi une façon de gérer la maltraitance générée par épuisement de l’aidant.

Je pense aussi au développement de compétences sociales au sein de l’équipe : pour aider les familles sur l’accès aux prestations et allocations sociales ou à d’autres types d’aide financière. La montée en compétences des soignants est importante. On dispose de moins en moins de médecins gériatres, ce qui peut être compensé par la formation d’infirmières expertes. De même, peu ou pas d’infirmières de nuit à temps plein motive à améliorer les compétences des aides-soignantes présentes de nuit.

Autre solution d’amélioration, la venue sur place de dispositifs médicaux. Par exemple, de la petite chirurgie dentaire, pour éviter de transporter les personnes. L’arrivée des nouvelles technologies pourra aussi nous aider. Je pense à un GPS pour les résidents qui subissent des errances nocturnes, parmi plein d’autres possibilités.

Enfin, l’ouverture sur de nouveaux métiers et toutes formes d’aides humaines ou d’interventions en support, comme les services civiques, nous seraient d’une grande utilité. Heureusement, les appels à projet me permettent de trouver des aides financières !

Comment fonctionnent les appels à projets ?

Après distribution et répartition des budgets aux établissements, l’Agence Régionale de Santé (ARS) détermine des marges de progression et de développement en fonction des besoins. De là, elle lance des appels à projet ou à candidature ou à manifestation d’intérêt, pour lesquels elle réserve des moyens financiers ou un accompagnement par des experts.

Les établissements ou services doivent déposer des dossiers de candidature qui répondent à des cahiers des charges ou à des objectifs fixés dans l’appel. L’ARS fixe par avance le nombre de structures qu’elle est en mesure de doter ou d’accompagner. Une commission examine les dossiers et accorde, ou non, en argumentant, la mise en œuvre, donc le financement. Bien entendu les mises en œuvre sont suivies de très près !

Les appels sont publiés sur le site de l’ARS, qu’il faut consulter souvent. Il convient d’être curieux et très réactif ! J’ai toujours le stylo à la main, et je réfléchis en amont sur de potentiels développements des prestations et des services de l’EHPAD. L’avantage est que les délais sont généralement très courts.

Actuellement, nous avons obtenu 3 appels à projets – en télémédecine, IDE de nuit et automatisation PUI (automatisation dans le circuit du médicament) – et surveillons les prochains. C’est épuisant, mais tellement passionnant !

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