La sexualité des personnes en situation de handicap : un sujet tabou, souvent associé à la prostitution. Associations et professionnels réclament aujourd’hui une législation en la matière. Allons-nous vers un droit à la sexualité ?

Accompagnant sexuel

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Une abstinence non choisie

Objets de soins, elles souhaiteraient également être objets de désirs. Certaines personnes dépendantes, déficientes intellectuelles ou en situation de handicap moteur, n’ont jamais eu de rapports intimes. Certaines personnes en situation de handicap sont donc aujourd’hui contraintes de demander aux responsables des établissements médico-sociaux la possibilité d’avoir des relations sexuelles. Parfois, ces demandes émanent de leurs familles qui se sentent démunies.

Une question de moins en moins taboue

Depuis la loi de 2005 pour l’égalité des droits et des chances, les professionnels sont mieux informés sur cette question. Des groupes de parole sont également organisés entre les professionnels et les personnes en situation de handicap afin d’aborder la question de la sexualité, mais également de la vie de couple.

Certaines institutions mettent en place des chambres doubles voire des « maisons des familles » pour recevoir le conjoint ou un partenaire de passage. Une intimité qui reste toute relative, par le simple fait que certains couples handicapés moteurs ne peuvent avoir de rapports sexuels sans une aide extérieure.

L’absence de cadre juridique

Un problème demeure aujourd’hui : aucun cadre juridique n’est fixé. Par définition, un accompagnant sexuel met son corps à disposition en échange d’une rémunération. Les personnes handicapées ayant recours à des accompagnants sont, aux yeux de la loi, des proxénètes. Tabou, aucun droit à la sexualité ne leur est encore reconnu.

Des exemples européens

Cette activité est pourtant autorisée dans de nombreux pays d’Europe, comme le Danemark, l’Allemagne ou l’Autriche. En Suisse, il existe même des assistants sexuels « certifiés » qui bénéficient d’une formation de 300 heures. Dans notre pays, c’est l’accompagnement dans la sexualité, plus que l’assistance, qui est invoqué. L’Association pour la promotion de l’accompagnement sexuel (Appas) cherche à faire bouger les mentalités :

– Organisation de journées de sensibilisation dans les établissements médico-sociaux.

– Formation de plus de 80 accompagnants sensuels ou sexuels en 4 ans.

– Mise en relation entre les clients et les accompagnants (une activité « tolérée » sans statut légal).

Vers un droit à la sexualité ?

Le 9 février dernier, la secrétaire d’État au Handicap Sophie Cluzel s’est déclarée favorable à une légalisation de cette pratique. Quelques jours plus tard, le président Emmanuel Macron a soutenu sa démarche dans son plan Handicap en précisant que le droit à la vie sexuelle ne devait « pas être un tabou dans la société ». 

Le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) a été saisi par la secrétaire d’État, même si ce dernier avait donné un avis défavorable à ce sujet en 2012. Le Haut Conseil à l’égalité s’y est quant à lui fermement opposé dans un communiqué paru en février.

Conclusion

L’accompagnement sexuel pose la question de la marchandisation du corps, contraire à l’éthique française. Pour être légalisée, cette pratique devra être clairement définie : formation, revenus, moyens. Un long chemin reste à faire.

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