Qu’est-ce que l’addictologie ? Alors que l’un des pionniers français de cette discipline, le Professeur Michel Reynaud, est mort le 27 juin dernier, salué par les institutions françaises de lutte contre les conduites addictives telles que la MILDECA ou par la direction de l’AP-HP, faisons le point sur discipline méconnue et ses avancées.

Quels sont les risques liés aux opioïdes et comment lutter contre l'addiction à ces substances ?

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Les conduites addictives

Une addiction désigne une dépendance à une substance ou à une activité ayant desconséquences néfastes sur l’organisme. Les addictions aux produits sont les plus connues, comme le tabac, l’alcool, le cannabis ou encore les opiacés. Seule l’addiction aux jeux vidéo ou aux jeux de hasard et d’argent est reconnue comme une maladie. Il existe pourtant bien d’autres addictions comportementales : sport, cyberdépendance, addiction sexuelle, troubles du comportement alimentaire

On distingue deux niveaux de pratique addictive :

l’usage simple, qui correspond à une pratique occasionnelle ;

l’usage nocif et l’addiction, soit des pratiques ayant des impacts néfastes sur l’organisme.

L’addiction est multifactorielle, englobant des facteurs individuels (psychologiques notamment) et liés à l’environnement (famille et amis).

De terribles impacts

Toute addiction a des conséquences sur la vie de famille, le travail et bien sûr la santé. En France, 20 % de la mortalité est due aux addictions, en incluant la mortalité précoce. Dans le détail, on dénombrait 70 000 décès liés au tabac et 49 000 liés à l’alcool en 2015.

Malheureusement, les addictions ne sont pas encore considérées comme des affections de longue durée (ALD). Il faut attendre une pathologie grave, comme la cirrhose en cas d’alcoolisme, pour relever d’une ALD.

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Le sevrage correspond à l’arrêt partiel ou total de la consommation d’un produit psychoactif :soit le sevrage simple, d’une durée courte, soit le sevrage complexe, réalisé durant plusieurs semaines dans une unité médicale dédiée. Ces dispositifs s’accompagnent généralement d’un traitement médicamenteux et d’un suivi psychologique. Le syndrome du sevrage correspond à des signes physiologiques et psychologiques liés au manque : tremblements, nausées, malaises, etc. On parle de rémission simple au bout de 3 mois sans consommation et de rémission persistante au bout de 12 mois.

L’addictologie : une discipline récente

C’est seulement à la fin du XXe siècle qu’elle est apparue, grâce aux rapprochements de professionnels de différentes filières. Aujourd’hui, l’addictologie désigne une spécialité médicale consacrée à la prise en charge des addictions. Les addictologues doivent suivre une formation spécifique de deux ans en complément de leur formation initiale. Des formations complémentaires sont également proposées par l’Albatros, le centre français spécialisé dans l’Enseignement, la Recherche et le Traitement des Addictions en France.

La Fédération française d’addictologie rassemble toutes les associations professionnelles œuvrant au quotidien sur notre territoire. Des groupes de travail se réunissent afin de développer d’importants moyens d’action comme le « Dry January », le défi du mois de janvier dernier.

L’addictologie est pratiquée dans certains hôpitaux publics mais aussi dans le secteur libéral. De nombreuses structures sont également présentes sur notre territoire :

385 centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA) ;

> 540 consultations jeunes consommateurs (CJC) ;

146 centres d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques chez les usagers de drogues (CAARUD).

La prise en charge est globale : accueil, diagnostic, prestations de soins mais également accès aux droits sociaux. Des équipes pluridisciplinaires encadrent donc le parcours comme des médecins, des psychologues, des assistantes sociales et des art-thérapeutes.

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Et la législation dans tout ça ?

En France, les politiques de prévention sont récentes. L’année 1991 marquait un tournant avec la fameuse loi Evin relative à la lutte contre le tabagisme et l’alcoolisme. Depuis, les publicités sont limitées et le tabac est interdit dans les lieux à usage collectif. En 2003, une nouvelle loi était promulguée pour lutter contre le tabagisme chez les adolescents.

Une Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA) est chargée de coordonner les politiques publiques.

Un plan national de mobilisation contre les addictions (2018-2022) est en cours. Les défis sont nombreux : prévenir les addictions chez les adolescents, renforcer la connaissance grâce aux programmes de prévention, ou encore lutter contre les addictions. L’une des mesures phares de ce plan est la création d’un fonds public de lutte contre les addictions.

Conclusion

La volonté est là, les outils existent. Malheureusement, légiférer s’avère complexe face à des contre-pouvoirs puissants. Les lobbies tiennent les rênes, en témoigne le « mois sans alcool » de janvier dernier, finalement annulé par l’Élysée…

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