Pendant l’épidémie, le professeur Didier Raoult est devenu une véritable « icône » médicale suite à ses essais cliniques vantant les mérites de l’hydroxychloroquine. Pourtant, le 22 mai dernier, une autre étude révélait la dangerosité de cette molécule… Mais au fait, comment réalise-t-on ce type d’étude ?

Chloroquine - Raoult

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Les études cliniques

Suite à une hypothèse, une étude clinique à visée thérapeutique doit être réalisée pour la valider (ou pas). Elle se déroule en 3 phases :

1. Randomisation : sélection des groupes de patients.

2. Période de test : administration du médicament à l’échantillon.

3. Période de suivi : analyse et conclusion sur l’efficacité de la molécule.

Deux types d’études peuvent être réalisés suivant les hypothèses à démontrer : les études rétrospectives, qui consistent à faire des analyses après l’apparition d’une maladie, comme le cancer, et les études prospectives, qui permettent quant à elles de mesurer l’état de santé avant l’événement.

Chaque étude est réalisée sur un échantillon de cent personnes volontaires minimum. Ces patients doivent répondre à des critères d’inclusion pour être « admissibles » à l’étude, comme l’âge ou les symptômes. Deux groupes de patients sont ensuite créés : un groupe intervention, auquel sera administrée la molécule à tester, et un groupe placébo. Lorsque les essais sont réalisés « en ouvert », les patients savent dans quel groupe ils se trouvent, contrairement à la méthode « à l’aveugle ».

Les conditions éthiques et légales

Ces essais cliniques doivent respecter différents critères pour être valables, notifiés dans les textes internationaux, mais également dans le droit français. Ainsi, avant tout essai clinique, l’aval d’un comité d’éthique indépendant est nécessaire, ainsi que celui de l’Agence nationale de sécurité du médicament.

Après tout essai clinique, le promoteur cherchera à en faire la publication dans des revues scientifiques médicales. La rédaction de ce type d’étude doit répondre à des standards internationaux et être en anglais. Devons-nous croire en chaque étude publiée ? Le marché de l’édition scientifique est un secteur très lucratif où bon nombre d’auteurs présentent des liens d’intérêt avec l’industrie pharmaceutique. Les revues exigent certes des déclarations de bonne foi de leurs auteurs, mais ces dernières sont rarement vérifiées.

Coronavirus chloroquine

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Le débat sur l’hydroxychloroquine

L’HCQ est un médicament anti-inflammatoire utilisé dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde, et un antipaludique prescrit pour prévenir et traiter l’apparition du paludisme. En février dernier, alors que la menace du coronavirus se rapprochait, le professeur Didier Raoult, infectiologue et directeur de l’institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection de Marseille, apparaissait sur le devant de la scène avec une solution : l’hydroxychloroquine conjuguée à l’azithromycine (un antibiotique). Le 10 avril, son institut de recherche de Marseille publiait les résultats très encourageants de leur étude sur plus de 1 000 patients.

Cette étude avait néanmoins été critiquée par d’autres scientifiques, qui dénonçaient le choix de l’échantillon et l’absence de groupe placébo.

Une inquiétude confirmée le 22 mai avec la publication de la très sérieuse revue britannique The Lancet. Selon cette dernière, la balance bénéfices-risques serait négative, avec des risques d’arythmies cardiaques voire de mortalité. Aussitôt, l’OMS interdisait tous les essais cliniques et le gouvernement français interdisait l’administration de la molécule dans les hôpitaux.

La communauté scientifique restait toutefois sceptique quant à la méthodologie employée et la transparence des bases de données utilisées. Coup de tonnerre le 4 juin : The Lancetannonçait le retrait de l’étude, suite à l’aveu de ses trois coauteurs affirmant être incapables d’assurer la véracité de leurs sources.

Conclusion

L’hydroxychloroquine permet-elle de guérir du Covid-19 ? Les différentes études soufflent le chaud et le froid depuis plusieurs mois, au point nous faire douter de la crédibilité des éditions scientifiques. L’occasion de se rappeler que le savoir scientifique se construit dans le temps, et non par révélations subites.

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